Գաղափարախօսութիւն

Mer Oughin n’est pas un mouvement mais une idée

GAIDZ MINASSIAN

Le défi est historique. Pour la première fois depuis les origines du peuple arménien, une voix s’élève pour rassembler l’ensemble des Arméniens autour d’un bien commun : l’État. Pour la première fois dans l’histoire des Arméniens, une voix s’élève pour renoncer à l’esprit partisan ou l’esprit de chapelle et fédérer toutes les potentialités arméniennes au service d’une seule cause: le développement durable de l’identité arménienne.

Le processus de construction de l’identité arménienne s’est fondé sur un monisme où toutes les catégories (religieux, politique, économique, social, culturel, etc.) s’enchevêtrent. Le religieux est politique, économique, social et culturel ; le politique est religieux, économique, social et culturel. L’autonomisation des catégories est une perspective impossible en raison surtout de l’absence de tradition de souveraineté. Le déficit d’État souverain interdit de concevoir la création de sphères autonomes susceptibles des’ autoréguler sans l’interférence des autres catégories.

Un homme, Christapor Mikaelian, s’empare à la fin du XIXe siècle du monisme arménien en tentant à la fois d’autonomiser les catégories et de privilégier celle du politique au détriment des autres. Dépasser l’ensemble des sphères au service du politique incarne l’ambition du mouvement révolutionnaire pour lequel le fondateur de la FRA tient plus que tout au concept de « Fédération » des hommes et des idées pour se projeter dans un ailleurs d’union. Convaincu lui-même que la prolifération des partis n’est pas la solution – il n’utilisera jamais le terme « parti » pour parler de la FRA, mais ceux de « mouvement » ou « d’organisation » – Christapor passera toute sa vie à oeuvrer en faveur de l’unité du mouvement révolutionnaire en favorisant le retour du PSD Hentchakian au sein de la FRA, jusqu’à proposer de changer le nom « FRA » pour parvenir à ses fins.

Christapor a échoué par l’ignorance des élites arméniennes et la paresse de ses disciples, mais l’idée du dépassement partisan est resté. Or, personne jusqu’à maintenant n’a repris le flambeau de l’union et de l’idée fédératrice. Les partis traditionnels arméniens cohabitent dans un espace mémoriel commun, les nouvelles formations sont des partis à un homme et ne s’inscrivent pas dans l’intérêt général mais servent des intérêts personnels et privés. En Arménie, les partis sont synonymes de coquilles vides et les Arméniens les rejettent.

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Christapor a laissé en héritage mais qu’aucune direction de la FRA n’a saisi par indifférence, négligence ou paresse. Or, cette idée du dépassement est aujourd’hui fondamental dans différents plans. D’abord sur le plan historique, pour la première fois, il existe une entité qui s’inscrit sur une histoire non-partisane de la vie politique arménienne. La conception historique de Notre Voix rejette la fragmentation des faits et le sectarisme idéologique. Notre Voix ne valide pas cette tendance séculaire qui consiste à confondre Histoire et idéologie. L’histoire n’est pas une idéologie exclusive, mais c’est une science sociale inclusive.

Ensuite, sur le plan national, pour la première fois, il existe une entité qui se fonde sur l’État souverain et l’État de droit, seule unité directrice capable, si les Arméniens en saisissent le sens et la portée, de transcender les imaginaires politiques vers la notion du bien commun. La religion et la langue ne peuvent pas être les seuls biens communs arméniens. L’État doit être le troisième étage de la fusée de l’identité nationale, non pour construire un régime néopatrimonial post-soviétique comme l’ont conçu bêtement les trois régimes précédents (Levon, Robert, Serge) et leur soutiens politiques, mais pour construire un Etat porté par l’idée du contrat social entre les gouvernants et les gouvernés, le pouvoir et la société civile.

Enfin, sur le plan politique, la force de Notre Voix repose sur cette idée du dépassement. Non sur des schémas figés et rétrogrades d’une seule organisation à la pointe du combat. L’ensemble des partis arméniens ont échoué par étroitesse d’esprit, incapacité à s’adapter et sentiment d’autosatisfaction. L’ouverture d’esprit, la puissance de s’adapter au nouveau monde et l’insatisfaction face à l’ignorance, l’intolérance et l’inconsistance.

La force de Notre Voix est cette idée du dépassement fédérateur inspiré par Christapor Mikaelian, ce génie arménien qui a su associer le sens de l’intégration de Durkheim à la puissance de la nature de Hobbes. Notre Voix marche dans cette voie…

    

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